L’Association des Banques du Liban a publié le communiqué suivant :
L’Association des Banques démenti en bloc toute accusation qui a circulé ces derniers jours sur le rôle des banques dans la hausse du taux de change du dollar sur le marché noir. Les exigences de liquidité bancaire à l’étranger arrêtées par la Banque du Liban en vertu de la circulaire 154 dépassent 3,4 milliards de dollars au niveau sectoriel. Serait-il donc raisonnable que les banques puissent acheter un tel montant du marché noir local dont la taille ne dépasse pas quelques millions de dollars ?
Les raisons pour lesquelles le taux du dollar sur le marché noir a augmenté sont dues aux considérations suivantes :
1 – L’incertitude politique dans le pays étant donné la confusion et les tensions, en l’absence de tout effort pour former un nouveau gouvernement, sept mois après la démission du précèdent.
2 – Les importations non subventionnées par la BDL dont la valeur est estimée à pas moins de 5 milliards de dollars par an, ce qui pousse les importateurs à recourir au marché noir afin d’assurer les dollars en espèces requis.
3 – La rareté du dollar sur le marché local dans le contexte d’une régression significative du flux de capitaux à l’entrée, ce qui a abouti à un déficit de la balance des paiements de 10,5 milliards de dollars en 2020, soit le plus grand déficit que le Liban a connu.
4 – La création de la monnaie en livre libanaise, nottament pour financer le déficit de l'État, ce qui a abouti à une augmentation du volume de liquidités en circulation de 9,818 milliards de livres libanaises fin 2019 à 29,242 milliards fin 2020.
5 – La circulation illégale du dollar via les plateformes électroniques, qui nécessite des poursuites judiciaires pour fermer ces plateformes.
6 – Le stockage des dollars de la part des citoyens par manque de confiance et crainte des perspectives d’avenir.
Il convient de signaler que les banques comptent, pour assurer la liquidité en devises, sur la vente de leurs entités à l’étranger et la déduction de leurs prêts en dollars, en plus des apports en espèces fournis par des actionnaires et déposants (selon la circulaire 154). Par conséquent, il n'est pas nécessaire de recourir au marché parallèle au Liban.
Finalement, le contrôle sur le dollar au marché noir dépend des évènements politiques qui pourraient restituer la confiance des libanais, et de l’adoption des politiques inclusives par les diverses autorités concernées, afin de pouvoir limiter les déficits financiers extérieurs du Liban.