Le Conseil d'administration de l'Association des banques du Liban a tenu une réunion à l'issue de laquelle la déclaration suivante a été publiée:
L’Association des Banques du Liban affirme son respect permanent du pouvoir judiciaire et son engagement absolu envers la loi et ses dispositions, d’autant plus que déroger à cette « règle » rend les banques cibles de poursuites juridiques internationales et locales, et menace l’existence des institutions bancaires et leur bon fonctionnement.
Toutefois, certaines décisions judiciaires prises récemment présentent des défauts et leur diffusion infligerait de graves dommages et risques sur tout ce que le secteur bancaire représente aux niveaux social et économique, entrainant ainsi des répercussions négatives non seulement sur le secteur mais aussi sur l’économie nationale et les intérêts mêmes de la population libanaise.
Inutile de mentionner que les revendications du peuple sont un droit et que les droits des déposants sont sacrés. Néanmoins, les campagnes de diffamation visant des dirigeants des banques nationales et les accusations arbitraires de pratiques rejetées et condamnées par les communautés locale et internationale, telles celles de blanchiment d’argent et de contrebande, déforment la réputation du système bancaire libanais pour une durée indéterminée, le privant de tout accès aux marchés financiers internationaux, et rendent le rétablissement de la confiance en ce secteur hors de portée. Alors, quel avantage y aurait-il à lancer une campagne acharnée contre le secteur bancaire libanais, surtout que tout plan de sauvetage du Liban doit passer inévitablement par ce même secteur ?
L’Association des Banques du Liban, soucieuse des droits et demandes des déposants et leurs craintes pour leurs dépôts, est consciente que la solution à la crise actuelle réside dans la correction du grand déséquilibre dont souffre la scène politique depuis un certain temps, et ceci en réactivant toutes les autorités. Le pouvoir exécutif est presque paralysé, le pouvoir législatif fonctionne en deçà de sa capacité, et le pouvoir judiciaire craint un vide imminent qui pourrait perturber son fonctionnement et réclame le projet de son indépendance, étant le remède le plus efficace aux insuffisances de sa performance.
Tous les partis internes et externes sont conscients que la formation d’un nouveau gouvernement fiable, efficace et crédible est indispensable comme première étape au redressement du pays et à la relance des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) et les détenteurs d’obligations souveraines, ainsi qu’à la mise en œuvre des réformes vitales longtemps attendues. C’est seulement ainsi que nous pourrions, d’une façon pratique et progressive, rendre aux gens ce que nous leurs devons ; ces gens qui ont été pendant plus de trente ans notre grande famille, notre soutien, et l’élément essentiel de notre stabilité, de notre succès, et de notre résilience.
Les banques libanaises ont travaillé dur et diligemment jusqu'à ce qu'elles soient en mesure d'obtenir une reconnaissance internationale pour la qualité de leur professionnalisme. La GAFI a salué le sérieux de son respect de toutes les normes et procédures liées à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Comment est-il possible alors que les banques libanaises puissent, du jour au lendemain, et par des décisions internes soudaines, violer les règles du bon fonctionnement bancaire et les normes de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ? Comment est-il objectif de tenir les banques, et seules les banques, responsables des développements politiques et économiques qui ont eu lieu sur les deux scènes nationales et régionales ?
Accuser les banques de ces crimes implique une méconnaissance manifeste des lourdes pertes causées par la crise politique prolongée dans le pays et la politique économique générale adoptée, ainsi que des dommages structurels affectant les dépôts, qui resteront toujours un droit pour leurs propriétaires.
Que le corps judiciaire et tous les citoyens sachent bien que continuer à porter de telles accusations détruirait la relation des banques libanaises avec les banques correspondantes, et c'est là une question vitale que nous nous efforçons toujours de préserver car, si cela arrive, Dieu nous en préserve, ce sera un coup fatal pour le Liban dans ces deux volets résident et émigré, d'autant plus que les banques libanaises sont présentes dans plus de 30 pays, au service de la diaspora, qui est la source de liquidité externe actuellement disponible, et qui est appelée à ré-affluer dans l'avenir, ce qui nécessite d'en tenir compte lors de la prise de toute décision, et une considération approfondie de ses répercussions nationales et internationales.
L'Association des Banques du Liban, ayant renouvelé son plein respect du pouvoir judiciaire conformément aux règles précisées dans la loi, en respectant de même l'obligation de réserve et en évitant la politisation, appelle l'honorable magistrature à prévenir tout ce qui précède, afin que les résultats correspondent aux attentes et aux aspirations.
L'attaque permanente aux banques et aux banquiers n'est pas le moyen le plus efficace pour récupérer le libre accès aux dépôts, dont nous rappelons qu'ils sont préservés et documentés, auprès de l'État et de la banque centrale, sans aucune contestation sur la légalité de leur emploi.