L’Association des banques du Liban a publié le communiqué suivant :
«Les membres de l’Association dénoncent la campagne attaquant le secteur bancaire qui malheureusement sert de bouc émissaire à chaque fois que la classe politique se croit en train de révéler la vérité et les causes de l’effondrement économique du pays.
Peut-être que ceux qui se penchent sur le secteur ont oublié - ou délibérément oublié - quelques faits dont il est nécessaire de rappeler :
1- Ce ne sont pas les banques qui tenaient à affirmer, dans chaque déclaration ministérielle depuis une trentaine d’années, la fixation de la monnaie nationale.
2- Ce ne sont pas les banques qui ont exhorté l’État à effectuer des emprunts sur l’argent déposé à la Banque du Liban.
3- Ce ne sont pas les banques qui ont légiféré et obtenu de la BDL des avances du Trésor qui n’ont jamais été rendues au compte principal.
4- Ce ne sont pas les banques qui ont décidé les politiques de subvention ou de dépense dans le secteur de l’énergie, comme dans d’autres secteurs.
5- Ce ne sont pas les banques qui ont empêché et qui empêchent toujours la promulgation d’une loi sur le contrôle des capitaux, et ce ne sont pas elles non plus qui ont décidé d’émettre des euro-obligations.
6- C’est grâce aux banques que l’État a pu assurer les salaires de tous les employés du secteur public.
7- Ce sont les banques qui assuraient au Trésor public, tous les ans, le taux le plus élevé de perception fiscale.
8- Ce sont les banques qui ont maintenu la présence et la réputation internationales du Liban. N’est-il pas étrange que les politiciens invitent des parties concernées à boycotter les banques libanaises, donnant l’impression qu’ils cherchent à rompre la communication financière entre le Liban et le reste du monde, ce qui constitue une réelle menace pour les intérêts du Liban et des Libanais ? À quelles fins et au profit de qui ?
9- Ce ne sont pas les banques qui ont émis les politiques aboutissant au gaspillage et approuvé des politiques fiscales et douanières irresponsables, pris des décisions de recrutement aléatoires au sein de l’État, aggravé le déficit de la balance des paiements, ou bloqué les visions et plans économiques de l’État.
10- Ce ne sont pas les banques qui ont géré et bénéficié de la contrebande massive de produits subventionnés au détriment des besoins des citoyens nécessiteux.
Attribuer la responsabilité de l’effondrement aux banques est une fausse accusation. Les résidents et les expatriés ont bénéficié des intérêts reçus contre leurs investissements faits en bons de trésor, sachant que les réserves bancaires ont toujours été respectées conformément aux normes comptables internationales. Les profits des banques ont toujours constitué 10% de leurs capitaux, le taux le plus bas du monde arabe, ne dépassant pas le 1% des actifs.
Il convient de mentionner que les fonds nets distribués aux actionnaires ont constitué 3% à 5% de la valeur de leurs actions, soit moins que le montant reçu par les déposants normaux.
Les banques ont motivé l’économie à travers les secteurs immobilier, commercial et industriel, en accordant des prêts immobiliers, personnels, commerciaux, et industriels qui dépassaient souvent le capital de ces sociétés. Sans oublier les prêts accordés aux institutions éducatives, universitaires et sociales, sachant que les banques, victimes aujourd’hui d’une campagne de dénigrement, n’ont jamais manqué d’assumer leur rôle national, et ce en investissant la plupart de leurs profits légitimes dans le cycle économique libanais.
Les banques sont tenues à toujours respecter les droits des déposants à leurs épargnes. Elles assurent qu’elles sont en mesure de restituer à ces déposants leurs droits dès que l’État aura restitué à la Banque du Liban les fonds qu’il lui a empruntés. Cela nécessite la formation d’un gouvernement cohérent, crédible et capable d’établir un plan rationnel et réalisable pouvant servir de base à la négociation avec le Fonds monétaire international. Ce plan pourra permettre la libéralisation de l’aide et des investissements, sachant que cela reste un devoir élémentaire de l’autorité politique. La crise politique, ainsi que les perturbations et le vide qu’elle a provoqués demeurent la principale cause de la crise financière et bancaire au Liban.»